Michel Barnier : gaullisme social ou libéralisme post-gaulliste ?

Michel Barnier se revendique du « gaullisme social », une tradition politique qui semble suggérer une sensibilité aux classes populaires. Mais cette étiquette pose question, surtout pour un homme qui, en tant que commissaire européen, a soutenu le traité de Maastricht en 1992. Peut-on vraiment concilier cette orientation européenne avec l’héritage du général de Gaulle ?

Lors de sa nomination en tant que Premier ministre par Emmanuel Macron, Barnier a utilisé cette filiation à des moments clés. Face à Anne-Claire Coudray le 6 septembre, il a réaffirmé son attachement au gaullisme social et à l’humanisme européen, tout en évoquant « des idées apportées par les gens d’en bas » qu’il faudrait respecter. Cette déclaration semble vouloir mettre en avant une ouverture aux préoccupations populaires, une position souvent associée au gaullisme social.

Mais l’historien Arnaud Teyssier rappelle que le gaullisme, dans sa globalité, est par essence social. Il se méfie même de l’usage de l’adjectif « social », qu’il trouve parfois réducteur. Selon lui, la pensée de Charles de Gaulle portait sur une « constitution sociale », c’est-à-dire une vision où l’État protège les plus vulnérables. Des personnalités comme Philippe Séguin ont incarné cette vision, mais celle-ci est régulièrement récupérée dans les discours politiques pour justifier diverses approches.

Ainsi, le « gaullisme social » semble être une formule à double tranchant : un outil de communication, mais aussi une référence complexe.